Se libérer de la culpabilité

1. L’utilité de la culpabilité

Il faut distinguer la culpabilité « saine » de la culpabilité « malsaine ».

La culpabilité « saine » nous empêche de mal nous conduire: elle est liée à notre conscience. Notre conscience nous avertit que nous agissons en désaccord avec nos propres valeurs. Ce que nous faisons ne correspond pas à notre éthique. Cette forme de culpabilité nous évite de commettre des fautes et de nuire à autrui.

La culpabilité « malsaine » repose sur des motifs qui ne sont pas réels : nous les avons inventés. La culpabilité est provoquée par notre imaginaire. Cette forme de culpabilité prend souvent sa source dans l’enfance, elles repose sur nos croyances. Nous culpabilisons lorsque nous nous sentons responsables, hors une partie des responsabilités que l’on porte ne nous incombe pas réellement. Nous culpabilisons de manière « malsaine » lorsque nous nous rendons responsables d’éléments qui ne sont pas sous notre responsabilité.
Cette forme de culpabilité peut être à l’origine d’une faible estime de soi, de comportements de sabotages ou d’échecs, d’un perfectionnisme exacerbé et d’une incapacité à être heureux.

2. Les 6 crimes imaginaires

Claire et Jacques Poujol, psychothérapeutes et conseillers familiaux, ont définis « 6 crimes imaginaires » qui peuvent prendre racine dans la petite enfance et être à l’origine d’un fort sentiment de culpabilité à l’âge adulte.

Ces crimes imaginaires sont fondés sur des autoaccusations erronées et des messages destructeurs pouvant provenir des parents, des enseignants eu des éducateurs. Ils sont souvent à la source de conduites d’échecs, d’une faible estime de soi ou d’une incapacité à être heureux.

Un individu peut se sentir coupable de plusieurs crimes imaginaires à la fois.

Se libérer de sa culpabilité envers ses crimes imaginaires permet de sortir de conduites d’échec, d’autopunition ou de sabotage.

Ces 6 crimes imaginaires sont :

1) Trahir les siens : L’individu pense avoir déçu ses parents. Il pense avoir enfreint les règles familiales en ayant des opinions différentes ou en choisissant des études, un métier ou un conjoint à l’opposé des attentes, espoirs et rêves parentaux. L’individu peut alors vivre des conflits déchirants entre ses propres désirs et le code de valeurs parentales. Cette soumission peut-être le résultat d’une éducation tyrannique : les parents exigent que leur enfant réalise leurs attentes et ne lui laisse aucune possibilité de s’affirmer.

2) Être un fardeau : l’individu pense qu’il a été une charge pour ses parents et que s’il avait été différent (plus intelligent, en meilleure santé ou plus discipliné), ses parents auraient été plus heureux, en meilleure santé ou toujours ensemble… Les personnes portant ce type de culpabilité multiplient les excuses, les justifications ou les conduites sacrificielles envers leur conjoint, leurs amis ou leurs relations professionnelles à des fins de réparation.

3) Voler l’amour de ses parents : L’individu s’accuse d’avoir été le préféré de ses parents au détriment de la fratrie ou le préféré de l’un des parents au détriment de l’autre parent. L’individu a alors du mal à recevoir des compliments ou des marques d’affection, il s’arrange pour les fuir. Il peut également se sentir coupable d’avoir été idéalisé par ses parents, d’où une culpabilité qui peut se manifester par des conduites d’échecs ayant valeur d’aveu (voyez comme en réalité je suis nul(le)…).

4) Abandonner ses parents : L’individu culpabilise lorsqu’il devient indépendant ou qu’il a des opinions contraires à celles de ses parents. Le processus de séparation physique ou émotionnelle est rendu difficile par des parents trop fusionnels qui se transforment en martyrs ou en accusateurs dès que l’enfant essaie de voler de ses propres ailes. L’individu peut alors saboter et gâcher sa vie pour expier cette prétendue faute : chômage, endettement, dépendance relationnelle…. Toutes les tentatives pour accéder à une véritable autonomie affective et matérielle échouent.

5) Surpasser les membres de sa famille : L’individu craint d’humilier ses proches s’il les surpasse par ses réussites sociales, matérielles ou affectives, particulièrement si ses proches n’y sont pas parvenus ou ont échoué. Le degré de culpabilité va dépendre de la réaction familiale à la réussite. Si l’individu culpabilise, il se dévaluera ou se sabotera. L’individu peut avoir également la croyance suivante : Si je jouis des joies de l’existence, je n’en laisse pas pour les miens.

6) Etre fondamentalement mauvais : L’individu prend les fautes des autres à son compte, il fabrique des situations où il devient véritablement coupable. Ce type de culpabilité peut provenir de parents qui ont systématiquement dévalorisé leur enfant, en l’assimilant aux « bêtises » qu’il commettait (exemple: dire à un enfant qu’il est méchant alors qu’il a été seulement maladroit en cassant un objet). La répétition de remarques dévalorisantes, injustes, voire de violences physiques, peut conduire l’enfant à en conclure qu’il est réellement mauvais. Il pense qu’il n’est pas digne d’être aimé. L’enfant peut avoir des difficultés à admettre que c’est le parent qui est psychologiquement perturbé. La conviction d’être mauvais peut aussi provenir de la fratrie ou des enseignants.

3. Cessons d’alimenter notre culpabilité

Pour cesser de culpabiliser, il faut se recentrer sur nos véritables responsabilités : 

  • Nous sommes responsables de nos pensées, de nos actes et de nos paroles  
  • Nous ne sommes pas responsables des pensées, des actes et des paroles des autres. Nous ne sommes-nous pas responsables de leur manière de vivre ni de leurs choix.
  • Nous ne sommes pas responsables du hasard

Il faut dépister nos croyances qui sont à l’origine de notre culpabilité et les déconstruire : certaines de nos croyances sont sans réel fondement.

Nos croyances alimentent la plupart du temps un discours intérieur qui ne fait que renforcer notre culpabilité.

Cesser de culpabiliser nous permet de faire le deuil et de lâcher prise du passé.

Il faut cesser de se morfondre sur nos erreurs passées, nous ne pouvons pas les effacer. Reconnaître ses erreurs est constructif lorsque nous pouvons en tirer des leçons pour l’avenir mais pas lorsque nous les ruminons de manière incessante.

Autorisons-nous à être heureux.

Les culpabilités « malsaines » viennent souvent satisfaire un besoin inconscient de se punir.

Nous pouvons être heureux lorsque nous ne nous sentons plus coupables de l’être.

Articles à consulter :

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SOURCES :

Accorsi, F. (2010). Nos 6 crimes imaginaires. Psychologie Magazine.

Poujol, J., Poujol, C. (1997). Pratiquer et vivre la relation d’aide. Marabout Psychologie.

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