Le stress se définit généralement comme un « déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face » (Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail – OSHA).
L’état de stress est une réponse de l’organisme dont le but est l’adaptation à une situation évaluée comme contraignante ou à un changement de situation brutale.
Le stress nous permet de faire face et de nous adapter aux innombrables demandes de l’existence. Le stress est donc une réaction normale.
Toutefois, lorsque le stress devient chronique, lorsqu’il devient notre « mode de vie » quasi permanent, il finit par occasionner des dégâts à la fois psychiques et physiques.
1. Les différentes formes de stress
On différencie généralement :
- Le stress aigu : le stress aigu apparaît lorsqu’une personne doit faire face à un événement ponctuel exigeant (rendre un rapport important, prendre la parole devant une assemblée, fournir un effort physique important…). Le stress aigu disparaît avec la fin de l’événement stressant.
- Le stress chronique : le stress chronique apparaît lorsqu’une personne est confrontée à des contraintes importantes. Le stress chronique correspond à l’épuisement d’un organisme qui fonctionne depuis longtemps en surrégime. Le stress chronique peut conduire au « burnout » (épuisement professionnel).
- L’état de Stress post-traumatique (ESPT): c’est une réaction physique et psychologique consécutive à une situation au cours de laquelle l’intégrité physique ou psychologique d’un individu ou de son entourage a été menacée ou a été atteinte (accident grave, décès violent, agression, maladie, attentat). Les capacités d’adaptation de l’individu « pour « faire face » sont débordées. La réaction immédiate à l’événement est une peur intense, un sentiment d’impuissance ou un sentiment d’horreur. L’événement d’origine se distingue nettement des stresseurs quotidiens: il s’agit d’un événement brutal, soudain, imprévisible qui nous confronte à la mort. Nous pouvons être nous-même impliqué(e) ou nous pouvons être témoin.
Pour plus d’informations sur le stress post-traumatique, consultez l’article sur la croissance post-traumatique.
2. Les processus physiologiques du stress
D’après Hans Selye (1975), le stress agit en trois phases: la phase d’alarme, la phase de résistance et la phase de récupération.
1) La phase d’alarme
Face à un facteur de stress psychologique ou physique, la phase d’alarme est une réaction d’alerte : elle a pour but de mettre le corps en situation de combattre ou de fuir, d’assurer une réaction rapide face à une menace.
Lorsque l’on perçoit un facteur de stress, des impulsions nerveuses stimulent une petite glande du cerveau, l’hypothalamus. L’hypothalamus alerte alors deux autres glandes : l’hypophyse et les surrénales, qui augmentent aussitôt de volume et déversent dans le sang une hormone appelée adrénaline. La fonction de l’adrénaline est de préparer le corps à une action rapide.
L’adrénaline provoque l’augmentation du rythme cardiaque, le relâchement des muscles respiratoires et digestifs (ce qui explique qu’on ait du mal à s’alimenter pendant un stress), la dilatation des pupilles, la conscience s’intensifie, la respiration et le pouls s’accélèrent (respiration courte et accélérée), augmentation de la tension artérielle, boule à la gorge ou à l’estomac, anxiété, angoisse…
2) La phase de résistance
Lors du prolongement de la situation stressante, la réaction d’adaptation provoque la mise en place d’un processus de résistance face à la situation d’agression: la phase de résistance.
La phase de résistance est censée permettre au corps de s’adapter à la situation à laquelle il vient d’être confronté. L’organisme agit comme si sa survie était menacée.
Cette étape va permettre de préserver l’organisme de l’épuisement en compensant les dépenses énergétiques occasionnées pour faire face au stress. D’autres hormones, les glucocorticoides, sont ainsi sécrétées au cours de cette étape pour permettre une augmentation du taux de la glycémie nécessaire à l’organisme, au coeur, au cerveau et aux muscles.
Une autre hormone, le cortisol, prend le relais. La tension artérielle grimpe, le sang quitte les régions périphériques pour affluer vers les organes essentiels : cœur, poumons, foie (d’où la pâleur de la peau après un choc physique ou émotionnel). Le sang quitte aussi certaines régions du cerveau, ce qui affecte le jugement. Enfin, le système immunitaire est déprimé.
3) La phase de récupération
La phase de récupération commence au moment où disparaît le sentiment de stress. Lorsque la perception de la menace disparaît, le corps revient à son homéostasie physiologique. Les sécrétions hormonales diminuent, le sang reflue vers la périphérie. Le corps en profite pour se détendre et réparer les dégâts subis lors de la phase de résistance.
4) Dysfonctionnement du processus: la phase d’épuisement
Un état de stress devient pathologique lorsque la phase de résistance perdure.
En effet, la phase de résistance peut durer des semaines voire des mois.
Lorsque la situation à gérer se chronicise et qu’elle dépasse les capacités d’adaptation de l’organisme, la phase de récupération est alors remplacée par la phase d’épuisement.
Lors de la phase d’épuisement, l’organisme est débordé et sollicité en permanence par la situation de stress qui se prolonge et s’intensifie. Il ne réussit plus à mobiliser ses ressources et il s’épuise. Il ne peut plus faire face aux agressions en raison de leur intensité. Les réserves psychiques et biologiques de l’individu sont épuisées.
Le burn-out (épuisement professionnel) est la conséquence d’un état de stress chronique et pathologique de longue durée. C’est un épuisement des mécanismes d’adaptation au stress subi dans le cadre du travail.
Le burn-out n’est donc pas un processus psychique mais un processus physiologique.
Cet épuisement de l’organisme est caractérisé par une production excessive de cortisol qui est associée à un grand nombre de désordres métaboliques de l’axe hypothalamo-hypophyso-surénalien : ces perturbations représentent un facteur de risque pour le système cardiovasculaire.
La phase d’épuisement peut déboucher sur l’épuisement des glandes surrénales qui implique une diminution des réserves d’énergie et une perte de résistance physique conduisant à la fatigue, à l’étouffement du système immunitaire et à un ensemble d’autres symptômes et pathologies.
Pour plus d’information sur l’épuisement professionnel, consulter l’article: Comprendre l’épuisement professionnel pour l’éviter.
3. Les conséquences du stress
Le stress chronique se traduit par l’apparition de :
- symptômes physiques (douleurs, troubles du sommeil, de l’appétit…)
- symptômes intellectuels (problèmes de concentration, erreurs, difficultés à prendre des initiatives…)
- symptômes émotionnels (crises de larmes, angoisse, tristesse…)
- symptômes comportementaux (addictions, conflits, isolement…)
1) Les symptômes physiques
- Troubles du sommeil : insomnies de milieu ou de fin de nuit, difficultés d’endormissement…) qui peuvent conduire à la prise de somnifères
- Problèmes dermatologiques : acné, allergies, psoriasis, démangeaisons, herpès…
- Fatigue physique chronique (asthénie)
- Pathologies digestives
- Douleurs et/ou troubles localisés : troubles musculo-squelettiques, céphalées, migraines, malaises ou vertiges
- Troubles du comportement alimentaire : Anorexie ou hyperphagie
- Troubles liés à la sexualité
- Pathologies hormonales
- Dépression
- Pathologies cardio-vasculaires
2) Les symptômes intellectuels
- Perte de confiance en soi / estime de soi: sentiment de vide, d’impuissance, d’échec, culpabilité
- Troubles de l’humeur: irritabilité, colère, anxiété, tristesse, angoisse…
- Pessimisme: cynisme, découragement, désillusion
- Indifférence et ennui
- Sentiment d’injustice et/ou de persécution
3) Les symptômes émotionnels
- Troubles de la concentration et de l’attention: hyper ou hypo-activité intellectuelle
- Troubles de la mémoire
- Indécision
- Ruminations mentales
- Démotivation, résignation
4) Les symptômes comportementaux
- Addictions et conduites dangereuses: alcool, tabac, vitesse…
- Conflits personnels et professionnels
- Négligences de soi et négligences externes: négligence vestimentaire, négligence des activités de loisirs, sorties familiales…
- Isolement : distance avec le monde qui l’entoure
- Absentéisme
- Diminution de l’efficacité
- Fautes professionnelles
- Accidents de travail
- Abandon de poste, turnover
4. Les causes du stress
Le stress est perçu comme le résultat d’interactions complexes entre un individu et son environnement, l’un et l’autre s’influençant mutuellement et continuellement.
Pour plus d’informations sur les facteurs de stress, consultez les articles suivants:
- Les facteurs individuels de stress et d’épuisement
- Les facteurs de risques psychosociaux (facteurs collectifs d’épuisement)
5. Les solutions face au stress
Bien que le stress chronique et l’épuisement puissent potentiellement toucher chacun d’entre nous, nous ne sommes pas tous égaux face à ces risques.
Pour développer vos stratégies de « coping » pour faire face au stress, consultez l’article: Faire face au stress: les stratégies de coping.
Pour travailler sur vos sources individuelles de stress, consultez les pistes d’actions proposées dans l’article: Les facteurs individuels de stress et d’épuisement.
Enfin, pour, plus d’informations sur le stress post-traumatique, consultez l’article sur La croissance post-traumatique.
Sources :
- Delbrouck, M. (2003). Le Burn-out du soignant, le syndrome d’épuisement professionnel, Bruxelles, De Boeck University.
- Delbrouck, M .(2011). Comment traiter le burn-out ? Bruxelles, Ed. De Boeck University, 2011.
- Chapus-Gilbert, V., Delhommeau, A.-C., Guez, F. (2009). Agir sur le stress au travail, Nathan/Les echos.
- Karasek, R.-A. (1979), Job demands, job decision latitude, and mental strain : implications for job redesign, Administrative Science Quarterly 24, pp. 285-308.
- Maslach C., Leiter M. (2011). Burn Out : le syndrome d’épuisement professionnel. Paris : Les Arènes.
- Selye, H. (1975). Stress without distress. New York, NY: Lippencott and Crowell Publishers.