L’addiction au travail

Le « Workalcoolisme » (terme inventé par Oates en 1968, Workaholisme), appelé également boulomanie ou ergomanie, est un investissement excessif d’un individu dans son travail et une négligence de sa vie extraprofessionnelle.

Conséquences

Les conséquences du workalcoolisme sont notamment une mauvaise intégration dans l’équipe de travail et un risque d’évolution vers un syndrome d’épuisement professionnel (Voir l’article sur le burnout).

Le workaholisme aurait ainsi des conséquences sur:

  • La santé physique et mentale de l’individu (voir l’article sur le stress chronique)
  • Les relations familiales et amicales (perte d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle)
  • Le milieu professionnel (le perfectionnisme crée des difficultés pour le salarié lui-même et son entourage professionnel).

Dans la médecine du travail, c’est la notion de surengagement qui a été introduite dans les modèles de stress (par exemple, Le modèle « déséquilibre effort/récompense » de Siegrist, 1996) et qui désigne une prédisposition au développement d’un burnout. 

Typologie

Robinson (1998) a développé une typologie basée sur la quantité de travail initié en proportion avec la quantité de travail complété. Il a déterminé quatre types d’ergomanes: l’ergomane infatigable, l’ergomane boulimique, l’ergomane avec déficit d’attention et l’ergomane « savoring ».

1) L’ergomane infatigable: il initie beaucoup de travail et en complète également beaucoup. Il travaille compulsivement et constamment, jour et nuit ainsi que durant les vacances et les fins de semaine sans décrocher ou sans s’accorder de période de repos. Il est pressé et inflexible en ce qui concerne l’atteinte d’échéancier, souvent même une semaine avant l’horaire.

2) L’ergomane boulimique: il démarre peu de projets et en mène plusieurs à terme. Il oscille entre la procrastination et la frénésie. Durant de longues périodes de temps, il procrastine. Son niveau de perfectionnisme est si élevé qu’il n’ose pas commencer de peur de ne pas être à la hauteur. Par la suite, il peut travailler sans relâche durant plusieurs jours d’affilés en se reposant à peine. À la fin de cette période de frénésie, il est épuisé. Durant sa période de procrastination, il n’est pas totalement inactif. Il travaille obsessionnellement dans sa tête.

3) L’ergomane avec déficit d’attention: il recherche constamment l’adrénaline. Il s’ennuie facilement et recherche constamment des stimulations. Il entreprend plusieurs projets, mais en termine peu car il a un besoin constant d’adrénaline. Il a du mal à se concentrer sur sa tâche, s’ennuie et a tendance à commencer un autre projet, laissant plusieurs projets inachevés pour obtenir une nouvelle dose d’adrénaline.

4) L’ergomane « savoring »: Il prend du plaisir à toujours « peaufiner » ses dossiers qui ne sont jamais finis (« il les savoure »). Il entame et termine peu de travail, le prolonge en créant du travail additionnel lorsqu’il a presque fini car il a peur qu’il ne soit pas assez bon (perfectionniste). Il est lent, déterminé, méthodique. Mais à trop analyser, il reste pris dans les détails et réexamine les tâches au point d’entraver son habileté à initier et compléter son travail dans les délais.

Outils de mesure

Le risque de workaholisme peut être évalué au travers d’outils (Burcoveanu, 2014):

  • le WART (Work addiction risk test) qui évalue 5 dimensions : les tendances compulsives, le contrôle, le manque de communication, l’incapacité de délégation et l’amour propre.
  • le workBAT (Workaholism battery) qui étudie 3 dimensions : l’implication dans le travail, la contrainte et la satisfaction au travail.
  • le DUWAS, échelle dérivée des deux outils précédents, qui explore le travail excessif et le travail compulsif.

Conclusion

D’après Burcoveanu (2014), la prise en charge du workaholisme est souvent tardive en raison du déni du problème existant.

Pour comprendre l’origine de l’addiction au travail et identifier des pistes d’action, consultez les articles suivants:

Sources :

  • Burcoveanu, T. (2014). Worhaholisme: état des connaissances. Références en Santé au Travail, n°139, pp.143-151.
  • Coulomb, D. (2014). Jeux vidéo, jeux d’argent, sexe, travail : Des addictions comme les autres? Dossier du magazine Science & Santé n°19 (mars-avril 2014).
  • Limosin, F. (2008). L’addiction au travail. La lettre du Psychiatre, 2008, 4, 140-143.
  • Oates, W. (1971). Confessions of a workaholic : the facts about work addiction. New York, New York World Pub Co.
  • Rahim, M. S. (2019). « Workaholism »: la dépendance au travail, une autre forme d’addiction. French Journal of Psychiatry, Volume 1, Supplement 2, December 2019, Page S90.
  • Siegrist, J. (1996). Adverse health effects of high-effort/low-reward conditions. Journal of Occupational Health Psychology, 1(1), 27–41.
  • Spence, J. T., Robbins, A. S. (1992). Workaholism: definition, measurement, and preliminary results. J Pers Assess, 1992, 58, 160-178.

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