Comprendre l’épuisement professionnel pour l’éviter

Le syndrome d’épuisement professionnel (SEP) appelé également « usure professionnelle » ou burnout (« se consumer », « être consumé »), est un ensemble de réactions consécutives à des situations de stress professionnel chronique.

1. Définition de l’épuisement professionnel (burnout)

Le concept de burn-out, décrit pour la première fois par le psychiatre Herber Freudenberger en 1974, se définit comme « un état de fatigue ou de frustration causé par le dévouement à une cause, à un mode de vie ou à une relation qui n’a pas répondu aux attentes (ou donné les bénéfices escomptés) » (Freudenberger et Richelson, 1981).

Bien que le burn-out ne soit toujours pas reconnu comme maladie professionnelle, ce phénomène est en constante augmentation depuis le début des années 1970.

D’après une enquête menée par l’institut Think en octobre 2014 auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 salariés français [1], 17% des salariés se disent potentiellement en situation de burn-out et 31% disent être confrontés à ce problème dans leur entourage professionnel.

Toutes les études s’accordent à dire que le taux de burn-out approche, voire dépasse les 40% parmi les professionnels de santé quel que soit le métier exercé (généralistes, internes, hospitaliers, infirmiers, sages-femmes…).

2. Les trois dimensions du burnout

En 1981, Maslach, psychologue américaine, établit un test permettant de mesurer l’épuisement professionnel: le MBI ou Maslach Burn-out Inventory.

D’après Maslach et Jackson (1981), le burn-out se caractérise par 3 dimensions :

1) l’épuisement émotionnel : il se manifeste par une fatigue physique et mentale (asthénie), le sentiment d’être vidé de ses ressources émotionnelles, une perte d’énergie, de la démotivation, de la frustration…

2) la dépersonnalisation (ou cynisme): elle se caractérise par une insensibilité au monde environnant, une déshumanisation de la relation à l’autre (les patients, usagers, clients deviennent des objets, des numéros, des cas), des réactions impersonnelles, une perte d’empathie à l’égard d’autrui. L’individu développe des attitudes négatives envers autrui.

3) le sentiment de non-accomplissement personnel: il se manifeste par un faible sentiment de compétence et de reconnaissance de l’effort accompli dans le travail, une dépréciation de soi, le sentiment de ne pas parvenir à répondre correctement aux attentes de l’entourage, une mise en retrait, une dépréciation de ses résultats. Il y a également une dévalorisation du travail lui-même (le travail est inintéressant, inutile, inefficace à changer le problème de fond…).

3. L’apparition du burnout

D’après Hans Selye (1975), Le stress est la réponse de l’organisme à toute demande qui lui est faite, dans une finalité d’adaptation. Mais lorsque la situation à gérer se chronicise et qu’elle dépasse les capacités d’adaptation de l’organisme, les conséquences néfastes peuvent survenir par « épuisement » de l’organisme.

Le burn-out est la conséquence d’un état de stress chronique et pathologique de longue durée. C’est un épuisement des mécanismes d’adaptation au stress subi dans le cadre du travail. Le burn-out n’est donc pas un processus psychique mais un processus physiologique. Ce processus est relativement lent et insidieux et évolue par étapes successives.

L’état de stress chronique résulte d’une confrontation à des contraintes de travail durables. Il correspond à l’épuisement d’un organisme qui fonctionne depuis longtemps en surrégime.

Pour Maslach et Leiter (2011), les causes du burnout sont à rechercher du côté de l’environnement professionnel. Ils listent 6 facteurs de risques:

  • Le surmenage
  • Le manque de contrôle
  • Le manque de récompense
  • La dégradation de l’esprit de groupe
  • L’absence d’équité
  • Les valeurs conflictuelles

Pour plus d’informations sur les mécanismes physiologiques du stress, consulter l’article: Les mécanismes du stress

Pour plus d’informations sur les facteurs de risques professionnels, consulter l’article: Les facteurs de risques psychosociaux

4. Les symptômes du burnout

Les manifestations de l’épuisement professionnel sont variées et peuvent être plus ou moins aiguës, allant du relativement bénin au risque vital. Ces manifestations peuvent être d’ordre physiologique, émotionnel, cognitif et comportemental.

4.1 Les manifestations physiologiques

  • Troubles du sommeil : insomnies de milieu ou de fin de nuit, difficultés d’endormissement…) qui peuvent conduire à la prise de somnifères
  • Problèmes dermatologiques : allergies, psoriasis, démangeaisons, herpès…
  • Fatigue physique chronique (asthénie)
  • Pathologies digestives
  • Douleurs et/ou troubles localisés : troubles musculo-squelettiques, céphalées, migraines, malaises ou vertiges
  • Troubles du comportement alimentaire :  anorexie (perte d’appétit) ou hyperphagie
  • Troubles liés à la sexualité
  • Pathologies hormonales
  • Dépression
  • Pathologies cardio-vasculaires

Le terme Karōshi [2] (littéralement « mort par sur-travail » en japonais, mort par excès de travail, surmenage) désigne la mort subite de cadres ou d’employés de bureau par accidents cérébro-vasculaires ou arrêts cardio-pulmonaires suite à une charge de travail ou à un stress trop important.

Le karōshi est reconnu comme une maladie professionnelle au Japon depuis les années 1970. Ce termea été introduit par trois médecins, Hosokawa, Tajiri et Uehata, dans un ouvrage publié en 1982.

4.2 Les manifestations émotionnelles

  • Perte de confiance en soi / estime de soi: sentiment de vide, d’impuissance, d’échec, culpabilité
  • Troubles de l’humeur: irritabilité, colère, anxiété, tristesse, angoisse…
  • Pessimisme: cynismedécouragement, désillusion
  • Indifférence et ennui
  • Sentiment d’injustice et/ou de persécution

4.3 Les manifestations cognitives

  • Troubles de la concentration et de l’attention:  hyper ou hypo-activité intellectuelle
  • Troubles de la mémoire
  • Indécision
  • Ruminations mentales
  • Démotivation, résignation

4.4 Les manifestations comportementales

  • Addictions et conduites dangereuses: alcool, tabac, vitesse…
  • Négligences de soi et négligences externes: négligence vestimentaire, négligence des activités de loisirs, sorties familiales…
  • Isolement : distance avec le monde qui l’entoure
  • Absentéisme
  • Diminution de l’efficacité
  • Fautes professionnelles
  • Accidents de travail
  • Abandon de poste, turnover

5. Anticiper et prévenir le burnout

Les mesures de prévention du burn-out doivent empêcher une aggravation de la santé des personnes déjà menacées d’épuisement et, parallèlement, prévenir l’apparition d’autres cas tout en restant vigilant envers les signes précurseurs d’épuisement professionnel.

La prévention du burn-out doit se faire à trois niveaux :

1) Au niveau de l’entreprise ou de l’institution : Pour prévenir l’apparition du phénomène d’épuisement, l’entreprise ou l’institution doit veiller à ce que l’organisation du travail et les contraintes qu’elle génère ne mettent pas les salariés à mal au regard des règles et des valeurs de leur métier. La prévention du burn-out passe par exemple par l’aménagement de la charge de travail, donner davantage d’autonomie ou de reconnaissance aux salariés, assurer un traitement équitable et la sécurité de l’emploi.

Pour plus d’informations, consultez l’article: Les facteurs de risques psychosociaux.

2) Au niveau du collectif de travail : Pour prévenir l’apparition du burn-out, il est nécessaire de favoriser le travail et la cohésion d’équipe, le soutien social, une bonne ambiance de travail, le partage des savoirs. Le climat social dépend de l’institution, des managers et de chaque salarié.

3) Au niveau individuel : il s’agit de développer des stratégies permettant de faire face au stress (Voir l’article Faire face au stress : les stratégies de coping), mais il s’agit également d’avoir une bonne hygiène de vie, de pratiquer une activité physique régulière et de veiller à préserver un certain équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie privée.

Pour plus d’informations, consultez l’article: Les facteurs individuels de stress et d’épuisement.

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SOURCES

  • Delbrouck, M. (2003). Le Burn-out du soignant, le syndrome d’épuisement professionnel, Bruxelles, De Boeck University.
  • Maslach C, Jackson S. E. (1981). The measurement of experienced burnout. Journal of Occupationnal Behavior 2:99-113.
  • Maslach, C., Leiter, M. P. (2011). Burn out. Paris:Editions des arènes.
  • Freudenberger, H. J., Richelson, G. (1981). Burnout: The High Cost of High Achievement. Garden City, NY : Doubleday.
  • Selye, H. (1975). Stress without distress. New York, NY: Lippencott and Crowell Publishers.

[1] Etude menée par l’institut Think: http://www.institut-think.com/etudes/Rapport-Think-GPTW-2014-VF-06.01.15.pdf

[2] Mot composé de « Karo » (mort) et de « Shi » (fatigue au travail).

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