1. L’utilité des émotions
Les émotions sont le reflet de nos pensées. Chaque émotion nous informe et nous permet de décrypter ce qui nous arrive. Elles nous poussent à agir.
Les émotions douloureuses (colère, tristesse, peur, dégoût) nous indiquent que quelque chose ne va pas. Parfois, elles peuvent nous indiquer que nous n’agissons pas en accord avec nous même. Ces émotions sont notre première ligne de défense contre les menaces externes. Elles nous poussent à agir pour changer notre état : combattre, fuir ou se protéger.
Les émotions positives nous transportent. Elles génèrent de l’enthousiasme et nous permettent de nous dépasser pour aller au bout de nos projets. Ces émotions ont un grand rôle dans l’évolution : elles élargissent nos ressources intellectuelles, physiques et sociales. Elles renforcent nos relations et permettent d’élargir notre horizon mental en nous rendant ouvert et créatif.
L’expression faciale d’une émotion est universelle : un sourire ou un froncement de sourcils auront la même signification partout dans le monde. Ainsi, les expressions du visage jouent un rôle majeur dans la communication.
La communication non verbale repose également sur d’autres manifestations : une rougeur ou une pâleur du visage, une dilatation ou un resserrement des pupilles, une salivation ou une bouche sèche, une modification de la voix, des rires ou encore des larmes.
Le corps exprime également les émotions par : une attitude de combat, de fuite ou de soumission, une modification des rythmes respiratoire et cardiaque ou le redressement des poils.
Le ressenti d’une émotion intense correspond à la perception de modifications corporelles spécifiques: la réaction corporelle serait la cause et non la conséquence de l’émotion.
2. Reconnaître et assumer ses émotions
Il n’est pas toujours facile de mettre un mot sur notre ressenti. Pourtant, exprimer notre ressenti peut nous aider à identifier notre émotion.
S’entraîner à décrypter nos émotions permet de comprendre par la suite ce qu’un événement déclenche en nous.
Les émotions qui expriment de la souffrance sont souvent mal vues et sont difficilement acceptées. Généralement, nous les cachons par honte ou pour ne pas montrer notre vulnérabilité. Souvent, nous attendons de nous retrouver seuls pour laisser exploser notre tristesse.
On ne gère pas ses émotions en les niant.
Ravaler ses émotions est la meilleure solution pour les voir resurgir de manière inopportune et disproportionnée (fondre en larmes, éclater de colère).
La pression pour se sentir de bonne humeur et positif peut avoir pour résultat d’amplifier les émotions négatives, tandis qu’accepter les émotions négatives peut aider à se sentir mieux à long terme, notamment parce qu’accepter ses émotions sans juger ou essayer de les changer permet de faire face au stress plus efficacement (Ford, Lam, John, & Mauss, 2017).
Gérer ses émotions, c’est les accepter et les analyser pour comprendre les déclics qui les motivent. Il faut identifier ces déclics afin de les éviter ou de changer de rapport vis-à-vis d’eux.
Même si nos émotions négatives sont pénibles, ne les rejetons pas, essayons au contraire de les analyser : que nous disent-elles?
3. Les émotions négatives
La colère
La colère indique notre insatisfaction : elle indique un besoin insatisfait. Nous ne parvenons pas à obtenir ce que nous voulons et nous nous sentons impuissants.
Notre colère peut être dirigée :
- Contre celui qui l’a provoquée
- Contre quelqu’un d’autre
- Contre nous-même : c’est la culpabilité.
En explosant, nous montrons que nous avons perdu le contrôle, ce qui nous rend encore plus vulnérables.
Pour réduire la colère, il faut :
- Mettre des mots sur notre colère : Si nous n’exprimons pas notre colère, nous pouvons nourrir des sentiments de rancune et de frustration. Plus nous contenons notre colère et plus nous aurons du mal à contrôler son expression.
- Identifier notre/nos besoin(s) insatisfait(s) qui génère(nt) cette colère
La colère est un guide : il faut être à son écoute et chercher ce qui l’a créée.
La peur
La peur est une émotion qui nous signale la présence d’un danger. Elle apparaît lorsque nous sommes menacés ou lorsque ce à quoi nous tenons est en danger.
La peur est utile lorsqu’elle nous avertit d’un danger réel et nous demande de faire attention.
La peur va de la simple crainte à la terreur. L’angoisse est une peur dont les causes sont inconscientes, tandis que les phobies ont des causes bien identifiées.
La seule peur que nous pouvons admettre est celle qui est destinée à nous protéger : toutes les autres peurs nous empêchent d’avancer.
De quoi avons-nous peur?
Nous avons peur de perdre ce qui est important pour nous.
La peur dont il est le plus difficile de se défaire est la peur de l’inconnu. Nous avons tendance à élaborer des scénarios totalement faux issus de notre imagination. Notre imaginaire nous fait entrevoir le pire.
La peur de l’inconnu génère de l’anxiété. C’est parce que nous ne connaissons pas l’avenir que nous sommes inquiets, angoissés, stressés.
La plupart de nos expériences inquiètes se rapportent à l’amour, aux relations, au travail, aux domaines dans lesquels nous souhaitons réussir.
Certaines peurs peuvent être provoquées par notre environnement : ainsi, les médias peuvent alimenter nos peurs en nous montrant ce qui arrive aux autres et en nous donnant l’impression de vivre dans une perpétuelle insécurité. On parle de névrose médiatique.
Nous sommes stressés lorsque :
- nous ne savons pas comment une situation va évoluer
- nous avons peur d’échouer
Pour réduire la peur, il faut :
- Renforcer notre confiance : prendre conscience de nos qualités et renforcer notre assurance, notamment pour surmonter notre peur de l’inconnu
- Demeurer confiant quant à l’issue de la situation
- S’interroger pour savoir si la peur est réellement justifiée : nos peurs sont souvent le fruit de notre imagination.
La tristesse
La tristesse est un instrument de mesure de nos besoins et manques affectifs.
Nous ressentons de la tristesse lorsque nous sommes privés de quelque chose ou de quelqu’un qui a de l’importance à nos yeux.
Quelle qu’en soit l’origine (perte, séparation, non obtention, changement difficile), l’ampleur de la tristesse dépend directement de la valeur que nous accordons à son objet.
La tristesse fait partie du groupe des émotions de repli : elle est considérée comme la plus réfléchie de toutes.
Elle fait toujours référence à une chose qui s’est produite dans le passé et son rôle est de nous aider à prendre conscience d’une chose, d’une situation ou d’une personne que nous avons perdue ou qui nous manque.
Nous entretenons la douleur et fabriquons notre souffrance par nos dialogues intérieurs.
Nos dialogues intérieurs peuvent prendre leur origine dans des conflits antérieurs non résolus.
Souvent, nous préférons céder à la souffrance plutôt que lui faire face et l’affronter. Nous devons avoir le courage d’affronter ce qui nous blesse ou nous effraie réellement.
Pour réduire la tristesse, il faut :
- Se demander si cette tristesse est vraiment utile : plus nous ruminons et plus nous souffrons et alimentons un dialogue intérieur qui ne fait que renforcer notre douleur.
- Notre tristesse repose souvent sur le discours que nous fabriquons à partir de notre imagination et nos suppositions : adoptons deux des 4 accords toltèques « ne faites pas de suppositions » et « Quoi qu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle »
- Se demander ce qui souffre en nous : il s’agit de mettre en lumière tout ce que notre ego a construit. L’ego est souvent à l’origine de notre douleur.
- Parfois lâcher prise et faire le deuil de situations, désirs ou relations qui nous font du mal permettent de nous libérer de la tristesse.
Le dégoût
Le dégoût est une réaction adaptative qui nous évite de vivre des situations désagréables ou nocives pour la santé.
Le dégoût traduit une réponse de rejet vis à vis de quelque chose d’offensant, de désagréable ou de dangereux pour notre santé. Par exemple, nous ressentons du dégoût lorsque nous mangeons quelque chose de toxique.
Cette émotion peut aussi surgir à partir d’une idée qui nous provoque de la répugnance.
Nous pouvons donc considérer le dégoût comme une émotion adaptative qui nous éloigne de l’expérience de situations toxiques, d’infections ou d’intoxications par la répugnance qu’elles nous inspirent.
Le dégoût est considéré comme une émotion gardienne à la fois de l’intégrité du corps (physique) et de l’esprit (moral). Le dégoût nous permettait de distinguer le bon du mauvais, le bien du mal.
Cette émotion a une expression faciale caractéristique qui peut même s’observer chez des personnes aveugles de naissance. Elle a aussi une réponse physiologique, psychologique et comportementale typique.
Rozin et ses collaborateurs signalent que même si le dégoût est un mécanisme de défense qui s’est à la base créé pour éviter une contamination, il s’est peu à peu défait de ces éléments organiques. Nous pouvons maintenant en arriver à ressentir du dégoût pour quelqu’un qui viole les règles morales.
Ainsi par exemple, nous pouvons ressentir du dégoût pour des personnes qui maltraitent ou qui ont un comportement jugé négatif.
A l’inverse, certaines personnes perçoivent certaines idéologies ou groupes d’individus comme toxiques pour elles-mêmes. Elles pensent que ces derniers peuvent nuire à leurs croyances ou à leur vie en général. Le racisme et la xénophobie dérivent de ce type de dégoût. En considérant d’autres races et d’autres personnes comme toxiques, nous les rejetons et les évitons.
Pour réduire le dégoût :
La capacité à éprouver du dégoût est innée. Il est important d’écouter nos sensations de répugnance car elles nous protègent de situations ou d’individus nocifs pour nous.
Toutefois, le dégoût est parfois forgé par des facteurs socioculturels. Nos réponses à certains déclencheurs nous sont inculquées dans l’enfance et la jeunesse.
Certains groupes sociaux ou certains aspects de nous-même peuvent faire l’objet de dégoût, de manière exagérée et inappropriée car le danger est inexistant. Ce type de dégoût peut conduire à une mauvaise estime de soi, de la discrimination, de la haine, de la violence ou des phobies.
Ce type de dégoût n’est pas figé. Il est susceptible de changer avec :
- des contacts réguliers avec certains groupes sociaux, pratiques, aliments, lieux que l’on trouve « repoussants » peuvent atténuer nos réactions vis-à-vis d’eux
- une clairvoyance vis-à-vis de la désirabilité sociale, des normes sociales, de l’influence sociale et de la pression sociale
4. Développez vos émotions positives
Les émotions positives peuvent concerner le passé, le présent et le futur.
Nous pouvons changer positivement nos émotions en modifiant notre façon de percevoir et de ressentir notre passé, d’éprouver notre présent et de penser notre futur.
D’après Seligman, les émotions positives qu’il faudrait développer par rapport à notre passé sont : la satisfaction, le contentement, le sentiment d’accomplissement, la fierté et la sérénité.
Les émotions positives qu’il faudrait développer par rapport à notre présent sont : la joie, l’extase, le calme, l’enthousiame, l’exubérance, le plaisir et le flux.
Enfin, les émotions positives qu’il faudrait développer par rapport au futur sont : l’optimisme, l’espoir, la foi et la confiance.
Articles à consulter :
- Le lâcher prise
- Biais cognitifs et influence sociale
- Varier ses stratégies de « coping » : idées d’activités bien-être
- « Rebellez-vous! Se libérer de ses « drivers »
- La croissance post-traumatique
- Les étapes du deuil
- Se libérer de la culpabilité
- La disposition au pardon
- Choisissez l’optimisme
SOURCES :
Ford, B. Q., Lam, P., John, O. P., & Mauss, I. B. (2017). The Psychological Health Benefits of Accepting Negative Emotions and Thoughts: Laboratory, Diary, and Longitudinal Evidence. Journal of Personality and Social Psychology. Advance online publication.
Gable, S., Haidt, J. (2005). Positive psychology. Review of general psychology, 9, 1089-2680.
Goleman, D. (2017, réed. 1995 & 1998). L’intelligence émotionnelle, J’ai lu, Paris.
Nummenmaa, L., Glerean, E., Hari, R., Hietanen, J. K. (2014). Bodily maps of emotions. Proceedings of the National Academy of Sciences, 111 (2), 646-651.
Seligman, M. E. P. (2002). Authentic happiness: Using the new positive psychology to realize your potential for lasting fulfillment. New York: Free Press.