La psychologie positive

La psychologie positive est la branche de la psychologie qui s’intéresse aux conditions et aux processus qui contribuent à l’épanouissement des individus, des groupes et des institutions (Gable & Haidt, 2005).

Contrairement à la psychopathologie qui vise la compréhension des troubles mentaux et qui ne concerne que les personnes atteintes de pathologies psychiques, la psychologie positive s’adresse à toute personne désireuse de développer des compétences pour favoriser la gestion des difficultés et l’épanouissement personnel au quotidien.

La psychologie positive a été développée et institutionnalisée par Martin Seligman, professeur de psychologie à l’Université de Pennsylvanie et Président de l’American Psychological Association (APA). Le terme de « psychologie positive » est toutefois apparu à travers le courant de la psychologie humaniste dans les années 50 (Maslow, 1954).

L’objectif de la psychologie positive est de promouvoir l’épanouissement (en anglais: flourishing) et l’accomplissement de soi ( fulfillment), au niveau individuel, groupal et social. Cette branche de la psychologie s’intéresse à ce qui « donne un sens à la vie » d’après son fondateur Martin Seligman. Elle s’intéresse à l’étude des « forces et vertus », au « fonctionnement optimal » de l’individu et aux déterminants du bien-être.

Bien que le courant de la « psychologie positive » soit récent, les fondements qui la sous-tendent sont anciens et renvoient à des théories et méthodes issues de la psychologie sociale, de la psychologie clinique, de la psychologie cognitive et de la psychologie du développement.

1. Les 3 dimensions du bonheur

D’après Seligman (2002), le « bonheur authentique » comporte 3 dimensions:

• Le bien-être hédonique : il s’agit de maximiser les plaisirs et de minimiser les déplaisirs. La quête excessive du bonheur hédonique peut conduire à un risque de centration sur soi. Par ailleurs, ce type de bonheur serait fluctuant (plaisirs transitoires, affects afflictifs : frustration, colère, jalousie).

• Le bien-être eudémonique (épanouissement) : il s’agit du bonheur orienté vers une vie qui a du sens.  Les gens se sentiraient heureux lorsqu’ils connaissent une croissance personnelle et qu’ils ont le sentiment d’avoir des objectifs et/ou des activités qui contribuent à quelque chose de plus vaste qui les dépasse : la famille, la communauté, la justice, etc…

• L’état de flux (état de flow ou expérience optimale) : c’est l’engagement dans des actions mettant de côté l’ego car nécessitant une concentration intense sur la tâche (sentiment d’immersion, concentration énergique, transcendance).

Les personnes qui présentent ces trois dimensions du bonheur auraient une vie « pleine », c’est la raison pour laquelle la psychologie positive s’intéresse aux points forts de la personnalité et aux aptitudes qui permettent d’avoir une vie plus plaisante, significative et engagée.

2. Les bienfaits du bonheur

Le bonheur impacte directement l’état de santé.

Les gens heureux ont de meilleures habitudes de santé, une pression artérielle plus basse et un système immunitaire plus résistant que les gens moins heureux (Stone et al, 1994). Ils intègrent également plus d’informations sur les risques de santé.

Pour ces différentes raisons, le bonheur apparaît comme un facteur de longévité et de meilleure santé. Il a été démontré que les gens heureux ont deux fois moins de probabilité de mourir et d’être handicapés (Seligman, 2002).

Les gens heureux disposeraient de meilleures ressources pour gérer les aléas de la vie et la souffrance (coping, résilience).

Le bonheur aurait également un impact sur le travail : il entraîne une meilleure productivité, de meilleures évaluations par les supérieurs et un salaire plus élevé (Staw et al., 1994, cités Seligman, 2002).

3. Les forces et vertus

Peterson et Seligman (2014) ont identifié 24 forces de caractères, largement reconnues et valorisées « à travers les cultures et le temps », qu’ils ont regroupées en 6 grandes classes de « vertus ». Ces forces peuvent être cultivées et pratiquées, d’où l’intérêt de les identifier.

Les 6 vertus et 24 forces de caractère (Peterson et Seligman, 2014)

Les forces de caractère sont des capacités d’agir, de penser ou de ressentir qui favorisent un fonctionnement et des performances optimales permettant de mener une vie heureuse et florissante.

Peterson et Seligman (2014) ont élaboré un test permettant de déterminer ces 24 forces et ces 6 vertus : l’Inventaire des forces de caractère (« International Personality Item Pool – Values in Action Character Survey », IPIP-VIA).

Bien que toutes les forces contribuent à l’épanouissement, certaines seraient plus fortement associées à la satisfaction dans la vie : l’espoir, la vitalité, la gratitude, la curiosité et l’amour. D’après Peterson et Seligman, ces forces mériteraient particulièrement d’être cultivées. Par ailleurs, ils conseillent d’utiliser délibérément nos forces de caractère de façons nouvelles afin de les développer.

4. Les déterminants du bonheur

Martin Seligman (2016) a défini 5 composantes du bien-être selon la psychologie positive. Ces composantes sont connues sous l’acronyme PERMA :

  • Les émotions positives (Positive Emotions) : Les émotions positives permettent d’élargir nos ressources intellectuelles, physiques, sociales et psychologiques. Elles favorisent la créativité, l’optimisme et le développement de nos compétences à résoudre les problèmes (Voir Les stratégies de coping).
  • L’Engagement : il renvoie à l’état de Flow selon Mihaly Csikszentmihalyi. C’est lorsque nous nous engageons dans une activité ou un projet et que nous n’avons plus conscience du temps. La préoccupation de soi disparaît et cela nous procure un sentiment d’accomplissement.
  • Les relations personnelles positives (positive Relationships): les personnes cultivant des relations sociales épanouissantes jouissent d’une meilleure santé physique et psychique.
  • Le sens (Meaning): le fait de donner du sens à toute action, d’avoir l’impression de faire quelque chose d’utile et d’important. Avoir un but dans la vie donne une raison de vivre, un « pourquoi » qui  fait avancer (voir l’article Donner du sens à sa vie : trouver son Ikigai).

La vie acquiert un sens lorsque nous mettons nos forces personnelles au service d’une cause plus vaste qui nous dépasse  (famille, militantisme, politique, religion, humanitaire, association…).

  • La réussite (Accomplishment): c’est atteindre un ou plusieurs objectifs importants pour nous. Cela permet de se réaliser, de favoriser notre plénitude.

Aucune de 5 dimensions ne définit à elle seule le bien-être, mais chacune y contribue.

Ryff (1989) a développé un modèle, relativement proche de celui de Seligman, qui propose six dimensions du bien-être psychologique :

  • L’acceptation de soi : c’est une attitude positive vis-à-vis de soi-même, c’est connaître et accepter ses forces et faiblesses.
  • Les relations positives avec les autres: c’est l’engagement dans des relations authentiques qui incluent une empathie réciproque, une intimité, de l’affection et la possibilité de donner et recevoir en toute confiance.
  • La croissance personnelle: c’est avoir un sentiment de
    développement continu et de réalisation de son potentiel. La croissance personnelle s’appuie sur le désir d’apprendre, la curiosité et le fait d’être ouvert aux nouvelles expériences, elle implique de considérer les échecs comme des étapes à la réussite.
  •  Le but dans la vie: c’est la conviction que la vie a un sens et qu’elle nous pousse à avancer selon une logique personnelle et non dictée par les autres.
  • La maîtrise de son environnement: c’est le fait de se sentir intégré dans un environnement qui répond à nos spécificités, nos qualités, notre savoir-faire et nos valeurs, c’est utiliser efficacement les opportunités environnantes.
  • L’autonomie: c’est la capacité à réguler son comportement indépendamment des pressions sociales, c’est s’évaluer selon des normes personnelles.

Ryff a élaboré l’Échelle du bien-être psychologique pour mesurer ces 6 dimensions.

SOURCES :

Gable, S., Haidt, J. (2005). Positive psychology. Review of general psychology, 9, 1089-2680.

Maslow, A. (1954). Motivation and personality. New York : Harper.

Peterson, C., & Seligman, M. E. P. (2004). Character strengths and virtues: A handbook and classification. New York: Oxford University Press/Washington, DC: American Psychological Association.

Seligman, M. E. P. (2002). Authentic happiness: Using the new positive psychology to realize your potential for lasting fulfillment (Bonheur authentique: Utiliser la nouvelle psychologie positive pour réaliser votre potentiel d’épanouissement durable). New York: Free Press.

Seligman, M. E. P. (2013). Vivre la psychologie positive. Comment être heureux au quotidien par le fondateur de la psychologie positive. Paris : Pocket.

Seligman, M. E. P. (2016). S’épanouir : pour un nouvel art du bien-être.
Paris : Pocket.

Shankland, R. (2012). La psychologie positive. Paris, France : Dunod.

Stone, A., Neale, J., Cox, D., Napoli, A. (1994). Daily events are associated with secretory immune responses to an oral antigen in me, Health Psychology, 13 (5), 440-446.

Ryff, C. D. (1989). Happiness is everything, or is it? Explorations on the meaning of psychological well-being. Journal of personality and social psychology, 57(6): p. 1069.

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