Le conformisme

Le conformisme consiste à modifier son attitude ou son comportement afin de se sentir « en harmonie » avec le comportement ou l’attitude d’un groupe.

Il s’agit de se soumettre aux idées communément admises, aux comportements et/ou aux règles morales du milieu ou du groupe auquel on appartient.

Les pressions sociales peuvent exister ici sans être explicites.

Conformisme : désigne le processus d’adaptation aux normes sous la pression implicite du groupe. Les individus modifient leurs opinions, croyances et/ou comportements dans le sens des opinions, croyances et/ou comportements affichés par le groupe (Baggio, 2012).

Le conformisme favorise l’intégration au groupe en reconnaissant les normes, règles et modèles de conduite en vigueur. Cela permet au groupe de conserver son homogénéité, laquelle est indispensable à son fonctionnement. Il s’agit donc d’une forme de pression du groupe sur l’individu.

Cet article comporte 4 parties :

  1. L’expérience de Asch (1951)
  2. Les 3 types de conformisme
  3. La preuve sociale
  4. Le phénomène d’ignorance collective

1. L’expérience de Asch (1951)

Asch, psychologue social polonais émigré aux États-Unis, a été le premier à mener des recherches sur le conformisme dans les années 1950. Elles sont devenues la référence dans le domaine.

Asch a montré que dans une situation sans ambiguïté (tâche d’évidence perceptive dans laquelle tous les sujets sont capables de fournir la réponse exacte), un sujet confronté à un groupe d’individus qui donnent des réponses fausses va modifier ses propres réponses dans le sens de celles du groupe. Il va rallier la position dominante, alors même que celle-ci n’est pas juste.

Ainsi, les individus ont tendance à suivre la norme du groupe, et à donner une réponse erronée si tous les autres avant eux donnent cette réponse erronée (« compères » de l’expérience « briefés » avant l’expérience pour fournir ces réponses fausses).

Asch a ainsi démontré l’influence qu’une majorité peut avoir sur une minorité.

2. Les 3 types de conformisme

D’après Baggio (2012), Le conformisme peut revêtir trois formes distinctes:

  • La complaisance : Dans ce cas, l’individu ne souhaite pas entrer en conflit avec le groupe et adhère à ses positions pour « être tranquille ». Cette forme de conformisme apparaît souvent dans des relations de pouvoir, lorsqu’un groupe cherche à dominer. Le conformisme a ici un but utilitaire.
  • L’identification : l’individu se conforme dans le souci d’établir et de conserver des relations positives avec le groupe, parce que celui-ci est attractif et lui apporte éventuellement prestige et visibilité.
  • L’intériorisation : l’individu adhère complètement au système de valeurs du groupe et le fait sien. Il lui fait pleinement confiance et adopte ses lignes de conduite et de jugement. C’est ce type de conformisme qui influence le plus profondément l’individu.

3. La preuve sociale

Principe de la preuve sociale (Cialdini, 1990) : « L’un des moyens de déterminer ce qui est bien est de découvrir ce que d’autres personnes pensent être bien. Le principe s’applique essentiellement aux situations où nous essayons de déterminer quel est le comportement à tenir. Nous jugeons qu’un comportement est plus approprié à une circonstance particulière si nous voyons d’autres personnes l’adopter ».

La preuve sociale nous permet donc de savoir rapidement quel comportement adopter, notamment dans des situations d’incertitude (exemple: quelle est la vitesse à adopter sur un tronçon d’autoroute ?).

En effet, lorsque la situation est confuse ou ambiguë, nous sommes davantage disposés à nous en remettre aux actions d’autrui pour déterminer la conduite à tenir. Nous sommes davantage influencés par les actions des autres lorsque nous sommes dans un état d’incertitude.

En règle générale, nous faisons moins d’erreurs en agissant conformément aux indications que nous fournit le groupe social qu’en allant à leur encontre. Généralement, lorsqu’un grand nombre de personnes adopte tous un même comportement dans une situation particulière, c’est souvent la meilleure chose à faire (Exemple : si toutes les voitures ralentissent sur une portion de route, cela indique parfois un radar, un accident ou un virage dangereux: ralentir également est souvent salutaire).

La preuve sociale représente un raccourci commode mais elle rend en même temps celui qui l’utilise vulnérable aux profiteurs. En effet, notre tendance à croire qu’un acte est approprié si nous voyons d’autres le faire est exploitée dans de multiples circonstances (exemples : billets déposés comme pourboires, « ce modèle s’est très bien vendu », produit élu numéro 1, rires enregistrés…).

Le principe de la preuve sociale a d’autant plus de force que la preuve est administrée par les actes d’un grand nombre d’autres personnes. Une expérience de Milgram, Bickman et Bertowitz (1967) a mis en évidence que lorsqu’un individu s’arrête au milieu du trottoir et fixe pendant au moins une minute un point quelconque dans le ciel, les passants continuent à aller et venir sans se préoccuper de lui. En revanche quand se sont 5 individus qui fixent le ciel, 80% des passants regardent en l’air également.

Enfin, le principe de la preuve fonctionne mieux lorsque nous observons le comportement de gens qui nous sont très semblables. Nous sommes plus disposés à suivre l’exemple d’un individu semblable que d’un individu dissemblable (Cialdini, 1990).

4. Le phénomène d’ignorance collective

En examinant les réactions d’autres personnes pour mettre fin à notre incertitude, nous risquons parfois d’oublier un fait peu important: les personnes en question sont peut-être également à la recherche de « preuves sociales ». Lorsqu’une situation est ambiguë la tendance de chacun à regarder ce que font les autres peut produire un phénomène d’ignorance collective.

L’ignorance collective : état dans lequel chaque individu conclut de l’impassibilité générale que tout va bien. Le danger peut alors dépasser le point où un individu isolé, non influencé par le calme apparent des autres personnes, agirait (Latané et Darley, 1968).

Le phénomène d’ignorance collective peut expliquer la passivité des témoins d’un accident ou d’une agression. 

Latané et Darley ont réalisé plusieurs recherches afin de montrer que dans certaines situations, chacun de nous peut rester inactif au lieu de porter secours. Ces situations présentent les caractéristiques suivantes :

  • La situation est ambiguë, il n’est pas clair qu’il s’agit d’une urgence. Par peur du ridicule, l’individu craint de réagir comme s’il s’agissait d’une situation grave alors que ce n’est pas le cas.
  • Les effets de ce phénomène d’ambiguïté sont décuplés lorsqu’il y a plusieurs témoins de la scène: dans ce cas, nous avons tendance à observer les autres avec l’idée que « si ce qui est en train de se passer est grave, quelqu’un va réagir ». Malheureusement, la situation est sans doute aussi ambiguë pour les autres, et le risque est grand que chacun reste passif tout en guettant une réaction chez les autres.
  • Plus il y aura de témoins, moins nous nous sentirons personnellement responsable d’agir: « parmi tous ces gens, il y en a bien qui vont appeler la police, inutile que nous soyons 30 à le faire ».

SOURCES

  • Asch, S.E. (1951). Effects of group pressure upon the modification and distortion of judgments. In H. Guetzkow (ed.) Groups, leadership and men. Pittsburgh, PA: Carnegie Press.
  • Baggio, S. (2011). L’influence sociale. Dans : , S. Baggio, Psychologie sociale: Concepts et expériences (pp. 18-31). Louvain-la-Neuve, Belgique: De Boeck Supérieur.
  • Moscovici, S. (1994). Psychologie sociale des relations à autrui. Paris : Nathan Université.
  • Mugny, G., Oberlé, D. Beauvois, J.-L. (1995). Relations humaines, groupes et influence sociale. Grenoble : Presses Universitaires de Grenoble.

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